Située en majorité sur le territoire de Chelles, cette immense gare de triage inaugurée en 1930 est alors un point névralgique stratégique sous le contrôle de l’armée allemande. Dans le cadre du « Transportation Plan », les armées alliées visent ce type d’infrastructures afin de désorganiser l’armée nazie et de préparer au mieux le Débarquement. Conformément aux souhaits du général Eisenhower, commandant les armées alliées, les populations locales doivent être prévenues en amont des bombardements afin de réduire au maximum les inévitables pertes humaines dues à de telles opérations.

Ainsi, à partir de la mi-mars 1944, débute l’évacuation partielle des communes de Brou, Chelles et Vaires – les trois communes sur lesquelles est implanté le triage – dans un périmètre de 500 mètres autour du nœud ferroviaire. Puis, le 29 mars 1944, au départ d’Angleterre, une flotte de plus de 80 avions décolle à destination du triage de Vaires. Entre 21h30 et 22h, une pluie de bombes s’abat depuis le ciel seine-et-marnais. Le lendemain, un vol de reconnaissance de jour dénombre près de 200 impacts de bombe.

Surtout, l’ampleur de ce bombardement est décuplée par l’explosion d’un train de munitions et d'un train d'essence, ce qui aggrave considérablement les dégâts provoqués. De ce point de vue, l’opération est un succès pour la Royal Air Force en charge de l’action : le complexe du triage est dévasté et bien sûr en grande partie inutilisable, plusieurs centaines de soldats allemands sont tués tandis que seulement un avion est perdu.

Toutefois, les conséquences pour les habitants du secteur sont dramatiques : une centaine d’immeubles détruits, plusieurs centaines de maisons endommagées et surtout plusieurs dizaines de tués et encore plus de blessés. L’école du Docteur Roux compte notamment parmi les bâtiments dévastés par les bombes alliées.

Après le Débarquement, d’autres bombardements suivront, les 28 juin, 8 et 18 juillet 1944, dévastant encore plus la gare de triage et désorganisant l’armée allemande.