Focus #19 : La pierre de Chilpéric (Croix de Ste Bathilde)
L'histoire résumée de Chilpéric, roi des Francs
Chilpéric Ier, roi des Francs, est assassiné à Chelles en 584, au retour d'une chasse. Mais pourquoi ?
Petit fils de Clovis, Chilpéric est roi de Soissons de 561 à sa mort. Il est en compétition avec les autres fils de Clotaire 1er qui ont hérités d’une partie du royaume selon la coutume franque, plus particulièrement avec Sigebert, roi de Reims.
Les deux demi-frère épouse deux filles du roi des Wisigoths : Sigebert s’unit à Brunehaut en 565 et Chilpéric à Galswinthe en 568. Celle-ci est assassiné la même année, sans doute par Frédégonde, concubine du roi qui va devenir sa femme.
S’en suit une guerre fratricide : Sigebert est assassiné en 575 par des esclaves de Frédégonde. Chilpéric est assassiné, à son tour, en 584 dans son palais de Chelles, lors d'une chasse. Selon une enluminure du 14ème siècle(1), il est assassiné par Landry, homme de main de Frédégonde.
Le commanditaire n’est pas connu : Brunehaut, sœur de Galswinthe et veuve de Sigebert ? Frédégonde, sa femme dont il aurait découvert l’adultère ? Ou encore le duc Gontran Boson au service de Childebert II, fils de Sigebert ?
Ceci ne mettra pas fin à la guerre civile qui se poursuivra jusqu’à la réunification des royaumes en 613 par Clotaire II, fils de Chilpéric, après qu’il est fait exécuter Brunehaut ?
L'histoire de la Pierre de Chilpéric de Chelles
En 1817, Denis Lefèvre écrit un poème où la colonne marque le lieu de l’assassinat de Chilpéric. Ce raccourci romantique est repris ensuite, sans critique, par des érudits locaux. La commission des Monuments Historique en fera le premier site classé de Chelles en 1862.
Cette colonne n’a en réalité rien de mérovingien. Elle est faite de pierres réemployées provenant de l’abbaye et était surmontée d’une croix en fer jusqu’en 1792. Au 18e siècle, cette croix, marque la limite sud du bourg. On la reconnait sur les cartes et plans de l’époque où elle est appelé croix Sainte-Bathilde (ou Baupteur en germanique). Elle se trouvait à l’origine le long de la route royale, ancêtre de l’avenue de la Résistance, sur la parcelle où a été construit le marché.
Durant le 20e siècle, elle est déplacée en fonction des aménagements du quartier comme en témoigne Armand Lanoux (1913-1983) : “... je suis bien obligé d’avouer que (...) j’ai vu la borne de Chilpéric à quatre endroits différents au moins. Ceci m’a donné le sentiment de la relativité de l’histoire !”.
Références
Assassinat de Chilpéric I, enluminure, Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Français 10135 f.55v. France, Paris.