• Qu'est-ce qu'une "authentique" ?

Sara Ortego-Boldo, restauratrice du patrimoine aux Archives nationales, décrit ce que sont des authentiques dans un article de 2015 (cf bibliographie) : « Les authentiques sont de petites languettes de parchemin attachées aux reliques, qu’elles permettent d’identifier et d’authentifier. Rédigées en latin, ces "étiquettes" indiquent l’identité du saint ou de la sainte concerné(e) par le contenu de la relique : un petit morceau de bois, des cheveux ou du tissu, par exemple. La dimension des authentiques varie de 2cm à 16cm. »

• Histoire des authentiques de Chelles

Les authentiques sont, en règle générale, placées dans les châsses des saints. Celles de Chelles proviennent de l’ancien monastère royal Notre-Dame de Chelles. Au moment des troubles religieux que la France a connus sous la Révolution française, les reliques ayant pu être sauvées ont été rassemblées en un seul et même reliquaire (dit de Saint-Florus) dans l’église paroissiale de Saint-André. Ils y ont été redécouverts en 1983 avec l’accord des autorités ecclésiastiques.

Les intérêts d’une telle découverte sont multiples, car cette collection intéresse à la fois la paléographie (avec l’identification de scriptorium de Chelles notamment), et l’hagiographie (car dans plusieurs cas, ce sont les traces les plus anciennes du culte d’un saint ou d’une sainte, comme Sainte-Geneviève).

La collection des authentiques de Chelles est plus importante que celle de la Sancta Sanctorum au Vatican à Rome : on compte 177 authentiques entre le VII^e et le XV^e siècle dont 139 antérieures à l’an 800.

La commune de Chelles est la propriétaire des authentiques et des objets trouvés dans l’église, la paroisse de Chelles en est l’affectataire. Les relations entre les deux parties sont précisées dans le contrat établi entre la Mairie et la Paroisse de Chelles datant du 9 mars 1994.

• Dépôt et numérisation aux Archives nationales
  

Ces documents avec leurs reliques, même s’ils ont été séparés physiquement par les aléas du temps et des évènements, ont été déposés aux Archives nationales au département des Archives privées en 1985 sous le numéro d’entrée 3641, et ont reçu la cote AB/XIX/3971. Un contrat officiel de dépôt a été établi le 7 juin 1995 entre le Maire de Chelles (avec l’accord de l’évêque de Meaux) et les Archives nationales, afin que cette institution patrimoniale puisse restaurer et conserver cette collection à la portée historique inestimable. Un avenant à ce contrat de dépôt a été signé en novembre 2015.

À des fins de conservation préventive et de diffusion au plus grand nombre, les authentiques ont été numérisées par les Archives nationales en 2014 avant d'être mises en ligne sur leur salle des inventaires virtuels.

• Bibliographie

-ATSMA (Hartmut) et VEZIN (Jean), "Authentiques de reliques provenant de l'ancien monastère Notre-Dame de Chelles (VIIe-VIIIe siècles)", dans Chartæ latinæ antiquiores, tome XVIII (n° 669), Zurich, 1985, p. 84-108.

-BERTRAND (Paul), "Authentiques de reliques : authentiques ou reliques ?", Le Moyen Âge, 2006/2 (tome CXII), p. 363-374.

-BISCHOFF (Bernhard), "Die Kölner Nonnenhandschriften und das Skriptorium von Chelles", Karolingische und Ottonische Kunst : Werden, Wesen, Wirkung / [VI. Internationaler Kongress für Frühmittelalterforschung], Wiesbaden, 1957.

-GALLAND (Bruno), Les authentiques de reliques du Sancta Sanctorum, Vatican, 2004, 170 p. ; "Vénérables étiquettes", Historia, février 2004.

-LAPORTE (Jean-Pierre), Le trésor des saints de Chelles, Société archéologique et historique de Chelles, Chelles, 1988, 290 p.

-McCORMICK (Michael), Origins of the European Economy: Communications and Commerce AD 300-900, Cambridge, 2001, 1069 p. (notamment p. 308-312 : Collecting relics at Chelles).

-ORTEGO-BOLDO (Sara), Les authentiques de Chelles : enjeux de conservation et de restauration, Pierrefitte-sur-Seine, 2015 (Hypotheses, Archives nationales, carnet de recherche, 2015).

-LAPORTE (Jean-Pierre), DESTHUILLIERS (Annick, Etienne), "Les Authentiques de Chelles", dans Chelles Contact, juin 1986, n°19, p.20.