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Bicentenaire napoléonien

Focus #1 : Marché de Chelles au 1er janvier 1950

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L'archive et l'étude de l'évolution des pratiques de consommation

Lorsque ces trois pages ont été produites en 1950, elles n'étaient qu'un simple document administratif, comme on en rédigeait (et rédige toujours) des milliers. Si à l'époque on ne voyait pas l'intérêt historique qu'elles pourraient avoir un jour, presque 70 ans plus tard, les informations qu'elles contiennent représentent une trace du passé intéressante. En effet, si on compare leur contenu avec la situation actuelle, on peut mettre en évidence une évolution, des différences ou des similitudes qui en disent long sur notre façon de vivre. Témoigner d'une situation à un moment précis, servir de preuve, les documents d'archives constituent une source infinie d'études historiques, statistiques, sociologiques ou anthropologiques.

Ce document manuscrit de 1950 est présenté sous forme d'un tableau de trois colonnes, avec pour chaque commerçant son nom, son activité, et le nombre de tables qu'il occupe. Au total 170 commerçants sont présents sur le marché, 70 dans la catégorie "divers", 100 dans la catégorie "alimentation" et un qui appartient aux deux. Ils occupent une surface de 480 tables, avec des étals allant de 1 à 5 tables. De nos jours, le nombre de commerçants du marché est divisé par deux, et la taille des emplacements n'est plus calculée en tables mais en mètres linéaires. Ainsi les étals vont de 4-5 mètres jusqu'à près de 25 mètres.

En 1950, les produits présents en plus grande quantité sont la laine et la bonneterie - c'est-à-dire les articles d'habillement en tissu à mailles -, les fruits et légumes, et la charcuterie. En effet, pour chacun on trouve près de quinze commerçants. En comparaison, aujourd'hui le nombre de commerçants de produits non alimentaires est beaucoup plus restreint, et on y vend en majorité de quoi se vêtir.

Parmi tous les intitulés, certains peuvent nous paraître insolites, comme par exemple "les nouveautés et les articles de Paris", qui sonnent assez désuets à une époque où l'on peut trouver les mêmes produits ailleurs qu'à Paris, et plutôt en magasins qu'au marché. D'autres, si l'on comprend bien de quoi il est question, ne nous sont pas familiers car ils ont bien souvent déserté nos étals ou ont changé d'appellation au fil du temps. On peut ainsi citer la bonneterie, la brosserie, les cravates, le crépin, les corsets ou la bimbeloterie.

En observant les denrées alimentaires vendues en 1950 et en les comparant avec celles que l'on trouve actuellement, on devine facilement que les habitudes de consommation des clients ont évolué. En effet, il y a 70 ans on pouvait se fournir en boucherie chevaline ou en triperie chez trois enseignes différentes, tandis qu'aujourd'hui seule une boucherie chevaline est abonnée au marché de Chelles, et deux triperies dont une qui vend aussi de la volaille. De plus, on constate en lisant la liste des commerces alimentaires du marché à cette époque, la présence des classiques toujours d'actualité tels que la boucherie, la charcuterie, la poissonnerie, le primeur ou la fromagerie, mais que les cuisines du monde étaient alors absentes. En 1950, point de produits portugais, asiatiques, orientaux ou antillais comme on peut aujourd'hui en acheter au marché de Chelles.

Pour aller plus loin...

Etat de répartitions des tables au 1er janvier entre les commerçants "alimentation" et "commerces divers", Chelles, le 1er janvier 1950. Archives municipales de Chelles, 2L5.