Un an d'occupation allemande (18 septembre 1870 - 21 septembre 1871)
Une première période d’exil
Les troupes prussiennes inquiètent la population qui se trouve sur la route de la capitale, et Chelles n’y fait pas exception. Afin d’échapper aux exactions des soldats, la plupart des Chellois ont rejoint leurs autres résidences ou leur famille. Ainsi, le maire de Chelles, Charles Félix Buignet, les familles Trinquand, Mabille, Gasnier-Guy ou encore Lainé, sont partis se réfugier à Paris. La compagnie de sapeurs-pompiers de Chelles est appelée en renfort pour participer à la défense de la ville de Paris pendant le siège de l’armée ennemie.
L’abbé Torchet relève seulement 37 personnes présentes à Chelles quelques jours avant l’arrivée des premières troupes ennemies. Parmi eux figurent la famille Johannet, parente de la famille Trinquand. Certains habitants restés sur place indiquent au curé qu’ils partiront au dernier moment. L’abbé Torchet, quant à lui, abandonne temporairement sa cure pour aller se réfugier chez un confrère à Lagny (il y rencontre le 19 septembre le roi de Prusse qui fait escale avant de rejoindre les troupes qui font le siège de Paris). Le 18 septembre 1870, les soldats entrent donc dans une ville désertée.
Les « exilés » emportent avec eux documents officiels (registres des délibérations du Conseil municipal et registres d’état civil pour le maire Félix Buignet), nourriture, vêtements et mobiliers. Pour ceux partis à Paris, la vie est plus ou moins difficile en fonction des ressources qu’ils ont pu apporter avant l’exil. Les prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté, provoquant la paupérisation d’une grande partie de la population de la capitale.
La plupart des exilés ne retournent pas à Chelles avant la signature de l’armistice du 28 janvier 1871. Le siège de Paris est alors levé, et la circulation sur la voie ferrée peut reprendre de façon plus régulière et fluide.
Retour à Chelles et cohabitation avec les troupes allemandes
Le retour à Chelles est compliqué pour la plupart des habitants partis. Comme le décrit l’abbé Torchet dans son Journal, « Chelles est ruiné, et ruiné pour longtemps » (page 273). Le Pont de Gournay a été dynamité avant l’arrivée des Prussiens, le passage se fait donc beaucoup plus loin, par « le bac de Noisiel » (page 29). Les habitations sont occupées par les troupes de soldats, notamment la Ferme de la Cave des Trinquand où réside le colonel, commandant du 103ème régiment de Saxons. Tout ce qui pouvait se trouver dans les maisons abandonnées a été réquisitionné par les soldats, quitte à priver de biens de première nécessité les rares Chellois présents. L’église Saint-André n’est pas épargnée. La cohabitation avec l’occupant commence alors.
La vie reprend petit à petit. Le maire reprend la transcription de l’état civil, les élections des députés de l’Assemblée nationale et les élections municipales se préparent. Les offices religieux reprennent, et la reconstruction se conjugue aux réquisitions allemandes de bois et de paille. Plusieurs régiments de soldats allemands se succèdent. Le dernier arrive le 26 juillet 1871, un régiment du Grand-Duché de Saxe-Weimar, pour finalement partir le 21 septembre 1871.
La Commune de Paris
Après la défaite de Sedan le 2 septembre 1870, des comités de vigilance s’organisent dans chaque arrondissement parisien : il y a une volonté de profiter de la guerre pour installer une république plus sociale que celle du Gouvernement provisoire, composé de républicains modérés. Paris pensait compter sur une armée venue de province pour casser le siège prussien débuté le 19 septembre, mais l’armée conduite par le général Bazaine capitule à Metz le 28 octobre 1870. La vie à Paris devient de plus en plus difficile : quand les plus aisés peuvent payer des repas au restaurant avec de la viande issue des animaux du zoo de Vincennes, les plus pauvres doivent faire la queue au marché de l’Hôtel de Ville où l’on vend des rats et des souris. Les maladies se propagent.
Le 28 janvier 1871, l’armistice est signé entre la France et la Prusse. Cette dernière s’unifie avec ses alliés pour former le Premier Reich d’Allemagne. À Paris, l’importante somme demandée par les vainqueurs et le démembrement du pays ne sont pas acceptés. La capitale républicaine se sent trahie, notamment en raison de l’arrivée au pouvoir après les élections législatives d’une majorité de députés conservateurs et royalistes, dirigés par Adolphe Thiers à Versailles. Mais la tentative de déplacement des canons parisiens dans la nuit du 17 au 18 mars 1871 conduit la Garde nationale à prendre le contrôle de la ville, et convoque des élections qui ont pour résultat de proclamer la « Commune de Paris », en référence à la Commune Insurrectionnelle de 1792. Parmi les grandes mesures adoptées, on peut citer la séparation de l’Église et de l’État, ainsi que l’école obligatoire, laïque et gratuite pour tous.
S’ensuit alors une guerre civile entre « Versaillais » et « Communards », qui commence le 2 avril 1871. La ville de Paris est de nouveau assiégée. Après des semaines de combat, les Versaillais entrent dans Paris le 21 mai, faisant alors débuter la « Semaine Sanglante ». Des bâtiments officiels et symboliques sont incendiés par les deux camps, comme le Palais des Tuileries, l’Hôtel de Ville ou la Préfecture de Police. La répression se termine le 28 mai 1871 avec la défaite des Communards. Les Chellois assistent de loin à cette répression, par le biais de la presse, mais aussi des épais nuages de fumée qui s’élèvent depuis Paris.
Les Chellois et Paris
Ce panneau vous propose de découvrir quelques éléments de lien entre Chelles et Paris entre la défaite militaire de Sedan et la fin de la Commune (septembre 1870 à mai 1871).
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Vivre à Chelles avec les Allemands
Ce panneau vous invite à découvrir différents aspects de la cohabitation entre Chellois et troupes d'occupation allemandes.
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