Après le départ des troupes allemandes (à partir du 21 septembre 1871)

Rappel des étapes de la fin du conflit et des conséquences générales

La victoire des armées prussiennes et alliées marque officiellement l'acte de naissance de l'Allemagne, le rêve d'unification de Bismarck devient réalité. Le roi de Prusse se fait sacrer empereur de l'Allemagne sous le nom de Guillaume Ier dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles le 18 janvier 1871. Le choix de Versailles n'est pas anodin : Bismarck aurait souhaité venger le Palatinat, envahi par deux fois par les armées de Louis XIV en 1674 et 1689.

Le conflit contre les Allemands se termine quelques jours plus tard, le 28 janvier 1871, lorsque le gouvernement de Défense nationale se résigne à signer l'armistice. Le traité préliminaire de paix est signé à Versailles après un mois de discussions, le 26 février 1871. 

La France est contrainte de céder à la nouvelle Allemagne toute l'Alsace, la Moselle et une partie de la Meurthe et des Vosges, où se trouvent tous les gisements de fer exploitables à l'époque. Il s'agit donc de céder une part non négligeable des richesses de la France. La France doit également payer une indemnité de 5 milliards de francs or en trois ans, ce qui représente bien plus que les dépenses et pertes occasionnées par la guerre du côté allemand.

Les Parisiens, refusant ce traité préliminaire perçu comme une humiliation, se révoltent contre le gouvernement de Thiers et proclame la Commune en mars 1871. Cette insurrection, relevant de la guerre civile des "Communards" contre les "Versaillais", se termine le 28 mai 1871 après la "Semaine Sanglante".

Cependant, la guerre ne s'arrête pas à cette date. En effet, après la ratification du traité définitif de paix à Francfort le 10 mai 1871, les troupes allemandes occupent une très large partie du Nord-Est de la France, jusqu'à ce que la totalité du tribut soit versée en septembre 1873. Les étapes du départ des troupes sont réglementées par le traité de Francfort : ainsi, après un premier versement d'un demi-milliard de francs or complété en août 1871, les départements de la Somme, de l'Oise et des parties de la Seine-Inférieure, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne qui se situent sur la rive droite de la Seine sont évacués. En raison de la réussite  de l'emprunt national lancé par le gouvernement Thiers, une seconde convention fixant les dernières échéances d'évacuation est adoptée en mars 1873.

Concernant les morts de la guerre, le traité de Francfort stipule dans son article 16 que les deux États s'engagent à entretenir les tombes du camp adverse se trouvant sur leurs territoires respectifs. Le recensement entrepris permet dans certains cas à l'État français d'acquérir les concessions perpétuelles de ces tombes. Quelques années plus tard, les projets de monuments commémoratifs en hommage aux "Morts pour la patrie" se multiplient en France à partir des années 1890, après la publication d'une loi laissant aux communes l'initiative de l'érection des monuments. Mais au-delà d'honorer les morts, l’inauguration de ces monuments est souvent l'occasion de fêtes civiles virant parfois à la réunion "revancharde". Les jalons de la Première Guerre mondiale sont posés.

Le cas chellois

Au 14 septembre 1871, le commandant des troupes allemandes se nomme Schilling. Comme l'écrit l'abbé Torchet dans son Journal, le régiment reçoit l'ordre d'évacuer la région le 20 septembre 1871. C'est l'occasion d'un grand soulagement, et le départ effectif le lendemain de toutes les troupes est marqué par le retentissement des cloches de l'église Saint-André. Le curé écrit alors : "La voici donc, notre chère France, purgée de l'odieuse présence de l'ennemi. Elle est vaincue, ruinée et, par surcroît, démembrée. [...] Elle se relèvera ; notre patriotisme nous en a fait concevoir la ferme espérance." (page 364).

En effet, la commune est partiellement démolie, et le nombre d'indigents a largement augmenté en raison des combats, des réquisitions et des pillages qui ont eu lieu pendant un an. Le Conseil municipal a deux objectifs conjoints pour aider les habitants : indemniser et reconstruire, en parallèle à nourrir et vêtir les plus pauvres. Le Bureau de bienfaisance de la commune est pleinement mobilisé pour apporter un complément de subsistance aux indemnités versées par l'État qui sont largement inférieures aux estimations. La commune vend le surplus des réquisitions des soldats allemands qui n'a pas été utilisé, ainsi que les biens mobiliers qui n'ont pas pu être reconnus et réclamés par les habitants de Chelles et des environs.

Dans le même temps, le cas des tombes allemandes est également traité par le Conseil municipal de Chelles. Deux soldats allemands ont été enterrés dans le cimetière de l'église Saint-André. Le Préfet de Seine-et-Marne, en lien avec le Ministère des Affaires Étrangères et l'Ambassade d'Allemagne, veille au recensement et à la bonne tenue de la sépulture, notamment celle du soldat Charles Brendel, décédé en octobre 1870.

Quelques années plus tard, les noms des soldats chellois morts au front sont recensés et figurent aux côtés des noms des morts des guerres coloniales sur le Monument aux Morts de l'arrondissement de Meaux, inauguré en 1903 au centre de la Place Doumer à Meaux. Ce monument sera rénové à la suite des deux conflits mondiaux qui ébranleront le siècle suivant.

S'occuper des biens matériels

Ce panneau vous propose de découvrir certains aspects de la reprise d'activités de la commune de Chelles après le départ définitif des soldats allemands le 21 septembre 1871.

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S'occuper des vivants et des morts

Ce dernier panneau présente plusieurs documents sur les honneurs faits aux anciens combattants, l'aide alimentaire aux habitants, et la gestion des morts au cimetière.

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