De l'entrée en guerre à l'invasion prussienne (19 juillet - 18 septembre 1870)
Dans son ouvrage Choses vues paru à titre posthume en 1887 et 1900, Victor Hugo a écrit à propos de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 : « une guerre entre européens est une guerre civile ». L’auteur, en exil politique depuis décembre 1851 en raison de ses désaccords avec Napoléon III, peut rentrer à Paris le 5 septembre 1870 après la défaite militaire française et la proclamation de la IIIème République.
Pourquoi entrer en guerre ?
L’objectif n’est pas ici de faire une histoire exhaustive des causes du conflit. Nous en donnerons quelques clefs pour comprendre l’essentiel.
Plus qu’un conflit entre deux grandes puissances européennes, cette guerre est l’affrontement entre deux personnalités prépondérantes en Europe à cette époque. D’un côté l’empereur Napoléon III, partisan de la « régénération de l’Europe par les nationalités » et recherchant davantage des solutions diplomatiques, et de l’autre l’ambitieux chancelier Otto von Bismarck, ministre-président du roi Guillaume Ier de Prusse, qui souhaite unifier les différentes provinces allemandes.
L’un des premiers actes annonçant la guerre est la défaite subie par l’Autriche face à la Prusse à Sadowa en juillet 1866. Bismarck peut alors constituer la Confédération de l’Allemagne du Nord. La France tente alors de s’imposer en puissance médiatrice, mais une suite d’erreurs diplomatiques attise les tensions entre la France et la Confédération, qui trouvent leur point culminant en juin et juillet 1870 lors de la succession d’Espagne.
Le 2 juillet 1870, le Gouvernement espagnol offre le trône vacant au prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, après l’approbation du roi Guillaume Ier de Prusse. Toutefois, le gouvernement français n’a pas été informé de ce projet, et craint la formation potentielle d’une alliance contre la France. Même si la candidature est abandonnée le 12 juillet 1870, Napoléon III souhaite que son homologue prussien rédige une lettre d’excuse officielle pour ce qu’il considère être une faute diplomatique grave. Guillaume Ier s’y oppose, et confirme son refus dans la dépêche dite « d’Ems », du nom de la ville thermale où il séjourne. Bismarck publie un abrégé de cette dépêche, volontairement offensant envers la France. Il obtient alors ce qu’il recherchait : Napoléon III déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870.
Une défaite qui signe la fin du Second Empire
Malgré quelques victoires françaises, l’armée prussienne prend rapidement l’avantage sur l’armée française. L’alliance des différentes armées alliées à la Prusse formée par Bismarck nous conduit à parler d’armée allemande par commodité, mais il faut savoir que l’Allemagne n’existe pas encore en tant que telle. Cette alliance permet de déployer environ 1 200 000 hommes, contre 900 000 pour la France.
Du point de vue de la technique militaire, Napoléon III accuse un retard important face à la Prusse. En effet, Bismarck préparait depuis de nombreuses années son armée qui bénéficie donc des avancées technologiques de la fin du XIXème siècle.
La défaite militaire décisive de l’armée française a lieu à Sedan, les 31 août et 1er septembre 1870. Opposant frontalement l’empereur Napoléon III et le futur Kaiser Guillaume Ier, l’armée française se retrouve encerclée à Sedan après avoir vainement essayé de lever le siège de Metz. Napoléon III est fait prisonnier le 2 septembre, et signe l’acte de reddition de son armée. La IIIème République est proclamée le 4 septembre 1870 par Léon Gambetta. Un gouvernement de la Défense nationale est alors constitué, dirigé par le Général Trochu et son vice-président, Jules Favre. Toutefois, la guerre n’est pas encore finie, et ne se finira que le 28 janvier 1871, date à laquelle l’armistice est signé.
Chelles et la guerre
À cette époque, Chelles est un bourg de campagne d’environ 2 150 habitants (chiffre du recensement de 1872). La commune est connectée à la capitale par la ligne de chemin de fer de Paris à Strasbourg. Ainsi, certaines familles de propriétaires terriens aisés, dont les Trinquand, possèdent également un appartement dans la capitale. Le destin des deux communes est alors fortement lié.
Chelles participe à l’effort de guerre en fournissant des hommes et des armes, notamment à la Garde nationale mobile. La population restée sur place croit en une victoire de son armée, mais perd espoir à mesure que les mauvaises nouvelles arrivent du front. En août, les rumeurs de défaite et d’invasion incitent de nombreux habitants à fuir la ville, notamment vers Paris. La débâcle à l’Est début septembre 1870 ouvre alors la route de Paris. Le nouveau gouvernement républicain fuit la capitale pour éviter le siège qui commence en octobre 1870. Le Nord-Est de la France est alors sous occupation allemande, Chelles est occupée dès le 18 septembre 1870 et jusqu’au 21 septembre 1871.
Chelles en 1870-1871
S'appuyant sur des archives datées d'entre 1864 et 1873, ce panneau vous invite à découvrir un portrait de la ville de Chelles à l'époque de la guerre franco-prussienne.
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Conscription, défaite et exil
Ce panneau vous invite à en savoir plus sur la conscription (réquisition des jeunes hommes dans l'armée) à Chelles, ainsi que sur la vie de la population restée à l'arrière du front au début du conflit, notamment grâce à des extraits choisis du livre de l’abbé Torchet.
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